Depuis toujours l'accès au fort Boyard, ainsi que sa défense contre l'océan sont un enjeu important dans l'exploitation et la préservation de l'édifice.

Depuis plusieurs années, lorsque les travaux d'entretien du fort sont évoqués, la reconstruction de l'ancien brise lames et du havre de débarquement reviennent régulièrement sur le tapis. Un cap semble avoir été franchi dans la mise en place de cette restauration.

L'ancien brise lames : 

Une fois la construction du fort terminée, on s'est vite rendu compte que ce dernier avait un soucis majeur : son accès était très compliqué à cause de l'océan. Le seul moyen de débarquer sur le fort était d'emprunter l'escalier extérieur. Le transbordement de matériaux n'était pas aisé, surtout lorsqu'il y avait de la houle. En décembre 1859, le choix est fait de relancer le chantier du fort Boyard pour y ajouter un brise lames au Nord et un havre de débarquement au Sud. 

Le brise lames permettra de fendre la houle venant du large, mais également de protéger les assises du fort.

Le brise lames prendra la forme d'un rempart saillant d'une vingtaine de mètres orienté vers le Nord du fort. Le haut de cette muraille est sensiblement au même niveau que le sol de la cour intérieure du fort. L'éperon s'enfonce dans l'océan de part et d'autre du fort sous forme de hautes marches. 

L'ancien havre de débarquement : 

En parallèle de la construction du brise lames, toujours pour faciliter l'accès au fort, un havre de débarquement (baptisé "barachois"), fut construit dans le prolongement du musoir Sud du fort.

Le havre de débarquement fut terminé en 1866. Celui prennait la forme de jetées d'une trentaine de mètres de long implantées au Sud du fort. La jetée Ouest était prolongée par la jetée Sud qui vennait pratiquement refermer l'ensemble à l'équerre. En hauteur, les jetées montent jusqu'au niveau du rez de chaussée du fort. Seule la jetée Sud est moins haute. Ces jetées de 4m d'épaisseur encerclaient un espace au Sud du fort dans lequel les bateaux pouvaient mouiller plus facilement, car les vagues y étaient moins violentes. Sur chacune des digues principales du havre de débarquement, un escalier avait été construit pour faciliter le transbordement des hommes et des marchandises. Une série d'amarres jonchaient également les flans de ces digues. 

Deux édifices aujourd'hui disparus :

Durant la longue période d'abandon du fort (1913-1989) l'océan a progressivement grignotté le brise lames et le havre de débarquement. Notons que lors de la période d'exploitation du fort (1866-1913), des travaux de réfection avaient déjà été menés sur ces deux extensions (qui avaient été fragilisées par la mer).

Sur les images aériennes ci-dessous, on peut voir qu'en 1945, la jetée Est du havre de débarquement était presque entièrement détruite. En 1950, une grande partie de la jetée Ouest avait également été détruite. Il restait encore une partie de la jetée perpendiculaire. C'est entre 1950 et 1960 que ce qu'il restait du havre de débarquement fut complètement emporté par les eaux.

Vers la fin des années 2000, les rares morceaux qui émergeaient du brise lames ont a leur tour été engloutis. Aujourd'hui, il ne reste plus rien du havre de débarquement et du brise lames. Seules quelques pierres affleurent à marrée basse. 

Pour pouvoir accéder au fort, en 1989, le département de la Charente-Maritime a mis en place une plateforme off-shore. Elle est devenue le seul accès sécurisé pour débarquer sur le fort. Le brise lames et le havre de débarquement, pour le moment, jamais été reconstruits.

Projet de reconstruction :

Depuis de nombreuses années, le Conseil Départementale de la Charente-Maritime, a pour projet de reconstruire le brise lames, et le havre de débarquement. 

En mars 2019, une campagne de photogrammétrie (à l'initiative du pôle l'immobilier du département de la Charente-Maritime) au moyen de drones a été menée sur l'assise du fort, afin de se faire une meilleure idée de l'état des fondations du fort.

A l'automne dernier, le Conseil Départemental de la Charente-Maritime a missionné un bureau d'études qui a modélisé le fort, pour simuler les forces exercées par l'écrasement des vagues sur ses murailles.

Plus généralement, chaque année, à son ouverture, le fort est minutieusement ausculté par les techniciens du département de la Charente-Maritime. Une trentaine de démoins ont été positionnés dans le fort, pour en observer les éventuels mouvements. Sur ces 5 dernières années, aucun mouvements de l'édifice n'ont été détectés. Néanmoins sur la façade Nord plusieurs fissures sont visibles.

Dans un article du journal Sud-Ouest, Mathieu Barbier (de la Direction de la mer du Département de la Charente-Maritime) indique que les élus vont devoir choisir entre plusieurs options allant "de la réfection à l'identique de ces ouvrages à l'introduction d'éléments techniques plus modernes". Sylvie Marcilly, maire de Fouras les Bains, et vide-présidente du Département de la Charente-Maritime évoque des travaux avec près de 30 millions d'euros de budget.

Pour le moment, rien ne semble être arrêté, mais les travaux pourraient avoir lieu à l'horizon 2023. 

D'autres travaux en perspective : 

Parmi les travaux prévus dans les années à venir on peut entre autres noter la pose d'un câble électrique sous-marin entre le fort et le continent. Ce câble permettra de limiter l'usage de groupes électrogènes sur le fort.

D'autre part, la mise en place d'un éclairage extérieur nocturne du fort (le rendant visible depuis la côte) est également évoqué depuis 2019.

Une chose est sûre, ces différents travaux vont augmenter encore d'avantage le potentiel du fort !

Sources : Sud Ouest : A Fort Boyard : un chantier en quête des origines de la forteresse - Images Collection privée - Droits réservés